l'entretien pour apprendre
Publiée par Mohamed Gacemi
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La ressource en bref
Niveaux : A1, A2, B1
Sommes-nous absolument certains que nous parlons d'enseignement apprentissage et donc d’une réelle centration sur l'apprenant. Dans ce cas, il nous parait légitime de nous demander :
- Quel statut détient ce dernier dans la salle de cours ?
- Est-il véritablement acteur de son propre devenir ?
- Est-il constructeur de son savoir ?
- Y contribue-t-il réellement ?
- si oui, de quelle façon ?
- Quelles marges de manœuvre lui laisse l'école pour ce faire ?
Autant de questions qui restent sans réponses tant l'apprenant demeure confiné dans un rôle de spectateur, de quelqu'un qui subit l'enseignement, un enseignement sur lequel il n’a aucune prise, une situation somme toute semblable à celle de la "méthodologie directe" qui a sévi pendant tout le 20e siècle. Peut-on parler réellement d'enseignement apprentissage ? Lorsqu'on entend les responsables pédagogiques se gargariser sur la question de l'autonomisation des apprentissages, on ne peut que se désoler que ce genre de discours se maintienne encore et encore. Parce que dans les faits, l’apprenant est piégé dès l’entrée à l’école dans une culture éducative qui considère toujours que celui qui apprend doit se soumettre aux choix de celui qui l’éduque. Bien entendu, tous ceux et toutes celles qui ne s’intègre pas à ce modèle éducatif parce qu’ils réfutent surtout son artificialité sont de facto éliminés du cursus. Tous les autres, celles et ceux qui se plient à l’exigence des choix institutionnelles de l’éducation avec en son centre, l’inéluctable discipline scolaire (même si elle a progressivement perdu de sa sévérité), seront conditonnés à reproduire ce modèle difficilement réformable en éduquant de la même manière : école, classe, éducateur, cours, principal, directeur, bulletin de notes, convocations, conseils de classe, conseil de discipline…une organisation d’un système qui n’a réellement pas du tout changer.
Pour ne rendre compte que de la problématique « classe » dans cet ensemble composant l’organisation éducative, nous nous interrogeons de la vie des individus qui vivent dans cet espace clos qui, à s’y méprendre ne diffère pas beaucoup d’un espace concentrationnaire. Dans ce lieu de confinement qu’est la classe, cohabitent un enseignant/éducateur (la formation tient-elle compte de cette double fonction qui incombe à ce fonctionnaire) et des élèves (le choix du nom « élèves » est prémidité) qui s’accomodent de cette relation et tentent de vivre cahin-cahacette cette coexistence contrainte le plus pacifiquement possible.
L’imparable passage par l’école pour les élèves et l’implacable culture éducative de l’enseignant impliquent un modèle relationnel où l’enseignant, en adoptant une posutre tutorale n’a souvent pas le choix que de priver ces êtres actifs et dynamiques de leur irrepréssible créativité. Dans beaucoup de cas, cette posture de commandement abusif a pour conséquence de contraindre les élèves au silence, un silence que l’on suppose nécessaire à la compréhension du cours. Dès lors, l’enseignant contrôle la parole en classe et ne la cède que s’il décide que le moment, le thème, l’opportunité… nécessite une interaction des élèves.
Comment dans ce cas donner le sentiment aux élèves qu’ils ont le droit de s’exprimer en classe comme en société (dans le respect d’une interaction d’un lieu comme la classe) afin de leur donner le sentiment qu’ils sont des citoyens pleinement reconnus par la société.
Bref, comment valoriser la présence de l'apprenant en classe en libérant sa parole, en lui laissant parler, écouter son avis, débattre (dans quelque langue que ce soit !) ? N'est-ce pas là le rôle de l'enseignant que d'être à l'écoute de cette personne qui fait totalement confiance à l'école pour le former ? Oui. Sommes-nous suffisamment à l’écoute de leurs préoccupations, notamment lorsqu’on enseigne les langues étrangères ? Aiment-ils la langue que vous leur enseigniez ? Quelles langues préfèrent-ils apprendre ? Qu’est ce qui motive leur choix pur l’une ou pour l’autre, sachant combien les représentations pèsent sur leurs choix qu’ils font ?
Qui a écouté son élève lui raconter l’histoire de son apprentissage des langues ? qui s’est interrogé sur le rapport que pouvait avoir son élève aux langues et particulièrement le rapport à la langue qu’il enseigne ? Pronfondément embourbés dans la tradition scolaire qui nous a baigné pendant notre enfance, nous avons du mal à accepter que cet élève nous parle de ses choix, dans beaucoup de cas, nous pouvons même craindre que nous ayons peur de les écouter.
Je ne dirai pas plus sur le sujet, il est tellement complexe. C'est la raison pour laquelle je vous invite à lire cet article et à méditer sur la question de l'écoute des histoires de vos apprenants lorsqu'ils vous narrent leur rapport avec l'école, les enseignants, les disciplines, les cours qui les ennuient et ceux qui leur procurent de la joie...autant d'histoires qui pourront rendre pour vous plus compréhensible leurs attentes et vous permettre de mieux gérer leur enseignement apprentissage.
https://www.cahiers-pedagogiques.com/n-572-entretiens-en-milieu-scolaire/
Mohamed Gacemi
Grèce
Enseignant(e), Formateur(rice) de formateurs
- Didactique