Capsule vidéo niveau B2 : "Autour du mot "concession" - Decharnel Cemeus / institut français en Haïti
Publiée par Marc Oddou
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TRANSCRIPTION : "Dans la langue française, le mot « concession » est souvent employé dans différents contextes. Un retour sur son histoire et sa polysémie serait important pour un emploi efficace de ce mot. Ces questions peuvent nous orienter dans notre étude. -Quelle est l’étymologie du mot « concession » -Quand commence-t-on à employer le nom « concession » et le verbe « concéder » en français ? Dans quels sens ? -Dans l’argumentation, le mot apparait sous forme d’adjectif. Dans quelle expression ? -Quelles sont les deux principales étapes du raisonnement concessif ? -En grammaire, quelle relation faut-il maitriser pour exprimer facilement une concession ? -Quelles sont les classes grammaticales les plus utilisées pour exprimer une concession ? Bonjour/Bonsoir, Un petit mot qui a différents sens en français, le mot concession, c’est de ce mot que nous allons parler aujourd’hui. Tout d’abord, nous allons remonter à l’étymologie du mot concession, ensuite mettre l’accent sur ses différents emplois, pour terminer en insistant sur son emploi strictement grammatical. Pour commencer, disons que le mot concession est d’origine latine. Au premier siècle avant Jésus Christ, on employait le nom concessio pour parler de l’ « action d’accorder », de l’ « action de plaider coupable.» La forme verbale datant du même siècle avait un emploi transitif et un emploi intransitif. Employé avec un complément, le verbe concedere prenait le sens de « accorder, abandonner quelque chose à quelqu’un » ou « renoncer à ». Employé sans complément, concedere signifiait « se ranger à l’avis de quelqu’un », « céder la place » et « quitter la vie. » En français, il fallait attendre le XIIIe siècle pour que le nom du genre féminin concession soit utilisé pour parler de l’ « action d’accorder un droit, un privilège, un bien ou même une terre. » Le verbe concéder, au cours du même siècle, prenait le sens d’ « accorder quelque chose à quelqu’un comme une faveur. » Vous savez aussi bien que moi que les mots naissent, vivent et peuvent mourir. C’est ainsi que le mot concession a pris différents sens au cours de l’histoire. En Afrique, ce mot a un sens particulier. Il est employé pour parler d’une cour, d’un enclos qui regroupe l’habitat d’une famille. C’est ainsi que, dans son roman L’Enfant noir, Camara LAYE a écrit : « La palissade de roseaux tressés qui enclot notre concession. » Le mot est également employé comme adjectif dans l’expression le raisonnement concessif. Dans ce mode de raisonnement, l’argumentateur semble, dans un premier temps, donner raison à certains aspects de la thèse adverse pour mieux la renverser dans un second. En grammaire, il fallait attendre le XIXe siècle pour qu’on commence à parler de proposition de concession. Comment identifier une relation de concession en grammaire ? Pour comprendre la relation de concession grammaticale, il faut d’abord maitriser ce qu’on appelle une relation de cause à effet ou de cause et de conséquence. Si je prends la phrase suivante : « Jacques est gravement malade ; il va consulter un médecin. » Jacques est gravement malade, c’est la cause ; il va consulter un médecin, c’est la conséquence. Là, on peut les relier par le connecteur alors en disant : « Jacques est gravement malade, alors il va consulter un médecin. » Maintenant je peux modifier la phrase en remplaçant alors par un autre connecteur mais en changeant également de conséquence. Là, je vais dire : « Jacques est gravement malade ; il vient travailler. » Venir travailler ne parait pas vraiment logique par rapport au premier fait, à savoir « Jacques est gravement malade ». Et là, la phrase sera : « Jacques est gravement malade, pourtant il vient travailler. » On constate que la conséquence ne parait pas logique par rapport à la cause. A partir de là, on peut définir une concession comme étant une rupture de logique entre cause et conséquence. Pour être plus clair, on peut dire qu’il y a concession quand la relation cause/conséquence est contraire à ce que l’on attend logiquement. Plusieurs structures sont utilisées pour exprimer une concession. Parmi les plus usitées, on a : -d’abord des prépositions comme malgré, en dépit de +nom (Malgré sa maladie, il vient travailler) -Des conjonctions de subordination comme quoique, bien que, encore que…+ subjonctif ou même si + indicatif -Des adverbes ou d’autres conjonctions comme pourtant, cependant, quand même, néanmoins pour exprimer cette même relation. -Pour finir, on a des expressions comme avoir beau +infinitif, ça n’empêche pas que/ n’empêche que + indicatif. Toutes ces expressions permettent d’exprimer la concession. A vous maintenant de faire des concessions en essayant de briser la relation logique entre cause et conséquence. Allez ! Essayez !"
Marc Oddou
France
Conseiller(ère) pédagogique, Formateur(rice) de formateurs, Enseignant(e)
- Didactique—
- Français professionnel—
- FLE Adultes—
- FLE Enfants et adolescents