L'imparfait et la description
Publiée par ROBERTA RIGUZZI
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La ressource en bref
Niveaux : A2, B1
IIS “Archimede” – San Giovanni in P. - Classe 2E Liceo Linguistico - Prof.ssa Roberta Riguzzi
Unité didactique
Titre : La description et l’imparfait
Durée: 6 h + 1 h de contrôle
Période de l’année: octobre/novembre
Destinataires: une classe de seconde du lycée linguistique
Objectifs didactiques de l’unité: (on fait référence aux objectifs prévus par la programmation départementale)
- Connaissances: révision des caractéristiques principales de la description ; l’Indicatif imparfait.
- Habilité: lire un document littéraire et le comprendre.
- Compétences: saisir l’idée principale, repérer les éléments caractéristiques de la description.
Compétences de production d’un texte
- savoir analyser et comprendre, décrire en produisant un texte cohérent d’environ 100/150 mots
Pre-réquis: niveau A2/B1 de langue française; connaître le lexique de la description (parties du corps, couleurs, adjectifs de la description, vêtements…)
Matériel didactique: photocopies, cahier, TBI ;
Matériel multimédial: portrait de Diderot , extraits projectés ;
Sitographie pour approfondir: site littéraire français : commentaire.fr; site pour la grammaire: lepointdufle.fr.
Première séance (1 h)
- Remue-méninges au TBI du lexique de la description selon les catégories PARTIES DU CORPS, COULEURS/ADJECTIFS, VÊTEMENTS.
- Affichage au TBI du portrait de Diderot par Louis-Michel Van Loo ; description du tableau rassemblés par groupes.
- Mise en commun: lecture de la description de chaque groupe avec correction et commentaire.
- Devoirs à la maison : réviser le travail fait en classe.
Deuxième séance (2 h)
- Chaque groupe reçoit l’un des quatre textes ci-dessous ; on leur demande d’abord de remplir la grille et ensuite de répondre à quelques questions de compréhension.
- Devoirs à la maison : exercices sur l’imparfait à faire en ligne.
TEXTE N. 1
Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie. Nous avons déjà esquissé cette petite figure sombre. Cosette était maigre et blême. Elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d'ombre profonde étaient presque éteints à force d'avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l'angoisse habituelle, qu'on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l'avait deviné, «perdues d'engelures». Le feu qui l'éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelottait toujours, elle avait pris l'habitude de serrer ses genoux l'un contre l'autre. Tout son vêtement n'était qu'un haillon qui eût fait pitié l'été et qui faisait horreur l'hiver. Elle n'avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l'on y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l'avait touchée. Ses jambes étaient rouges et grêles. Le creux de ses clavicules était à faire pleurer. Toute la personne de cette enfant, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l'autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : la crainte.
V. Hugo, Les Misérables, Deuxième partie, Livre troisième, ch. VIII
TEXTE N. 2
Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui évidemment n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille : – Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu'il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
- Quoi, monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Stendhal, Le Rouge et le noir – chapitre VI
TEXTE N. 3
Cette pièce est dans tout son lustre1 au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d’assiettes, et fait entendre son ronron matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée2 de son bonnet de tulle3 sous lequel pend un tour de faux cheveux4 mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées5. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d’église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s’est blottie la spéculation6, et dont madame Vauquer respire l’air chaudement fétide7, sans en être écœurée. Sa figure fraîche comme une première gelée d’automne, ses yeux ridés, dont l’expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l’amer renfrognement de l’escompteur8, enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique la personne. Le bagne ne va pas sans l’argousin9, vous n’imagineriez pas l’un sans l’autre. L’embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus10 est la conséquence des exhalaisons11 d’un hôpital. Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s’échappe par les fentes de l’étoffe lézardée, résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est là, ce spectacle est complet. Âgée d’environ cinquante ans, madame Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs. Elle a l’œil vitreux, l’air innocent d’une entremetteuse12 qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d’ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru13, si Georges ou Pichegru étaient encore à livrer. Néanmoins, elle est bonne femme au fond disent les pensionnaires, qui la croient sans fortune en l’entendant geindre et tousser comme eux.
1Lustre : éclat
2Attifée : habillée de façon ridicule
3Tulle : tissu léger
4Tour de faux cheveux : bande de faux cheveux entourant la tête
5Grimacées : usées, faisant des plis ressemblant à des grimaces
6Spéculation : goût du profit
7Fétide : nauséabond et malsain, qui sent mauvais
8Escompteur : calculateur
9Argousin : gardien des forçats (prisonniers)
10Typhus : maladie contagieuse transmise par certains insectes parasites.
11Exhalaisons : gaz ou odeurs se dégageant d’un lieu (ici, l’hôpital est considéré comme un lieu malsain)
12Entremetteuse : qui sert d’intermédiaire dans une affaire galante (ex : Frosine dans L’Avare)
13Georges ou Pichegru : deux conspirateurs contre Bonaparte (1809) qui furent arrêtés et exécutés parce qu’ils avaient été dénoncés à la police.
H. de Balzac, Le père Goriot, chapitre I
TEXTE N. 4
Certains jours, mince, le teint gris, l’air maussade, une transparence violette descendant obliquement au fond de ses yeux comme il arrive quelquefois pour la mer, elle semblait éprouver une tristesse d’exilée.
D’autres jours, sa figure plus lisse engluait les désirs à sa surface vernie et les empêchait d’aller au-delà ; à moins que je ne la visse tout à coup de côté, car ses joues mates comme une blanche cire à la surface étaient roses par transparence, ce qui donnait tellement envie de les embrasser, d’atteindre ce teint différent qui se dérobait.
D’autres fois le bonheur baignait ces joues d’une clarté si mobile que la peau devenue fluide et vague laissait passer comme des regards sous-jacents qui la faisaient paraître d’une autre couleur, mais non d’une autre matière que les yeux ;
quelquefois, sans y penser, quand on regardait sa figure ponctuée de petits points bruns et où flottaient seulement deux taches plus bleues, c’était comme on eût fait d’un œuf de chardonneret, souvent comme d’une agate opaline travaillée et polie à deux places seulement, où, au milieu de la pierre brune, luisaient comme les ailes transparentes d’un papillon d’azur, les yeux où la chair devient miroir et nous donne l’illusion de nous laisser plus qu’en les autres parties du corps, approcher de l’âme.
Mais le plus souvent aussi elle était plus colorée, et alors plus animée ; quelquefois seul était rose dans sa figure blanche, le bout de son nez, fin comme celui d’une petite chatte sournoise avec qui l’on aurait eu envie de jouer ; quelquefois ses joues étaient si lisses que le regard glissait comme sur celui d’une miniature sur leur émail rose que faisait encore paraître plus délicat, plus intérieur, le couvercle entr’ouvert et superposé de ses cheveux noirs ; il arrivait que le teint de ses joues atteignît le rose violacé du cyclamen, et parfois même quand elle était congestionnée ou fiévreuse, et donnant alors l’idée d’une complexion maladive qui rabaissait mon désir à quelque chose de plus sensuel et faisait exprimer à son regard quelque chose de plus pervers et de plus malsain, la sombre pourpre de certaines roses, d’un rouge presque noir.
M. Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, chapitre II
PARTIES DU CORPS
COULEURS/ADJECTIFS
VÊTEMENTS
Questions pour le Texte n. 1 :
1) Quel est le point de vue du narrateur ? Justifiez votre réponse.
2) Quelles sont les principales caractéristiques du physique de Cosette ? Qu’est-ce qui caractérise ses vêtements ?
3) Repérez les deux noms exprimant le sentiment éprouvé par Cosette.
4) Comment comprenez-vous l’expression suivante : « les endroits où la Thénardier l’avait touchée ». Par quel autre participe passé remplaceriez-vous le participe passé souligné ? De quelle figure de style s’agit-il ?
5) Soulignez les verbes s’accompagnant des descriptions. Comment sont-ils construits au niveau morphologique ?
Questions pour le Texte n. 2 :
1) Quel est le point de vue du narrateur ? Justifiez votre réponse.
2) Quelles sont les principales caractéristiques du physique de Julien Sorel ? Et celles de Mme de Rênal ? Qu’apprend-on de leurs caractères ?
3) Pourquoi Julien ne correspond-il pas à l’idée que Mme de Rênal se fait d’un précepteur ?
4) Par quel type de discours l’auteur complète-t-il la description du jeune homme dans la partie finale de l’extrait ?
5) Soulignez les verbes s’accompagnant des descriptions. Comment sont-ils construits au niveau morphologique ?
Questions pour le Texte n. 3 :
1) Quel est le point de vue du narrateur ? Justifiez votre réponse.
2) Quelles sont les principales caractéristiques du physique de Mme Vauquer? Qu’est-ce qui caractérise ses vêtements ? Quelles sont les caractéristiques ridicules ? Quel est le rapport entre le personnage et son milieu ?
3) Expliquez cette phrase : « fraîche comme une première gelée d’automne ». De quelle figure de style s’agit-il ?
4) Repérez les connecteurs logiques et les différents types de coordination/subordination.
5) Soulignez les verbes s’accompagnant des descriptions. Ensuite transformez-les à l’imparfait en suivant les règles ci-dessous :
- radical de la première personne de l’Indicatif présent + les terminaisons AIS, AIS, AIT, IONS, IEZ, AIENT.
VERBE ÊTRE : J’étais …
Questions pour le Texte n. 4 :
1) Quel est le point de vue du narrateur ? Justifiez votre réponse.
2) L’aspect physique d’Albertine est-il univoque? En fonction de quoi change-t-il ?
3) Soulignez toutes les comparaisons.
4) Repérez les connecteurs logiques. Comment sont les phrases ?
5) Soulignez les verbes s’accompagnant des descriptions. Comment sont-ils construits au niveau morphologique ?
Troisième séance (1 h)
- Mise en commun, discussion.
- Focalisation sur la morphologie et la syntaxe de l’imparfait.
- À la maison : recherche d’autres textes descriptifs (même en italien).
Quatrième séance (1 h)
- Projection au TBI des textes apportés par les élèves et recherche des imparfaits.
- Repérage de la structure d’une description et de ses fonctions (discussion).
- Devoirs à la maison : réviser le travail fait en classe ; traduire quelques passages des éventuels extraits en italien apportés par les élèves.
Cinquième séance (1 h)
- Relecture des descriptions du portrait de Diderot et reformulation par groupes.
- Mise en commun.
- Devoirs à la maison : réviser toute l’unité didactique.
Contrôle (1 h)
Chaque élève reçoit la photo d’un personnage à décrire en composant un texte d’environ 200 mots (contraintes : description partant du haut et allant vers le bas, utilisation des connecteurs logiques, des verbes à l’imparfait ; introduction d’au moins deux figures de style).
GRILLE D’ÉVALUATION
OBJECTIFS
INDICATEURS
POINTS
POINTS ATTRIBUÉS
Respect de la consigne
- Nulle
- Partielle
- Complète
0
1
2
Organisation du texte
(cohérence/cohésion)
- Absente
- Limitée
- Passable
- Adéquate
0
1
2-3
4
Correction grammaticale ortographique et morpho-syntaxique
- Erreurs graves et fréquentes entravant la compréhension
- Texte clairsemé d’erreurs qui n’empêchent pas la compréhension
- Texte passable
- Construction articulée et assez correcte/construction simple et correcte
- Costruction articulée et correcte
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Commentaires liés à cette ressource
Fatima Kebaili • 2438j
Merci