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Pessimisme et modernité de G. Flaubert

Publiée par Natalia Nadotti

Mise à jour le

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Quelques notes sur Flaubert  pour discuter en  classe

Pessimisme et modernité de Gustave Flaubert.

 

Flaubert commence sa carrière d’écrivain publiant des œuvres encore fort liées à la tradition romantique ; où l’auteur parle à la première personne et s’abandonne à un profond lyrisme etc.

Mais peu à peu, sensible aussi aux nouveaux ferments culturels et insatisfait du “romanesque” traditionnel , il va préciser son rôle, en comprenant qu' à son époque l’écrivain ne peut plus, sans faire rire,  se présenter  comme prophète, porte-parole d’une vérité absolue.

La philosophie renonce à un savoir métaphysique, renonce donc à chercher le “quid” et s’arrête au “quo modo” du réel. Les sciences délimitent leurs domaines et leurs moyens.

L’écrivain doit faire la même chose et après avoir bien limité son domaine littéraire il doit perfectionner sa méthode de recherche et d’enquête. Ce sentiment de relativité devient vraiment déterminant dans la pensée et les œuvres de Flaubert.

D’où la rigueur forcenée qu’il met en composant ses livres : il a aboli complètement l’écriture du premier jet se livrant à une recherche acharnée de documents( Pour la rédaction de Bouvard et Pécuchet il arrive à consulter 1500 livres). Il écrit et récrit en multipliant les brouillons à la manière classique, en fixant des plans.

Il emploie l’impersonnalité de la composition et le critique Saint Beuve à propos de Flaubert et de son livre de Mme Bovary dit « Anatomiste et physiologiste je vous retrouve partout ! »

Mais le but principal de F. n’est absolument pas celui de faire de l’anatomie, la reproduction exacte et l’impersonnalité lui servent pour faire de la littérature déliée de toute doctrine morale ou sociale , de plus sa manière de présenter les personnages et le monde qui les entoure par plusieurs points de vue lui permet de faire hésiter le jugement ( justement il affirme dans une lettre à Louise Colet : il n’y a pas de vrai il n’y a  que des manières de voir)

Finalement le créateur a donné la parole au monde , s’est mis à l’écart, en renonçant à sa place privilégiée, il ne trouve plus sa création en lui , mais il se retrouve en elle.

Un autre trait qui confirme la modernité de Flaubert, c’est l’importance qu’il a donné aux « blancs »( comme dit Proust), dans une époque où triomphaient encore les romans d’action du bas romantisme.

Il suffit d’analyser la première partie de Mme Bovary(et tous les passages dans le style indirect libre), l’Education sentimentale où nous voyons Fréderic Moreau , personnage velléitaire, voué à l’inaction( seulement spectateur même à l’occasion des barricades de 1848) et il y a faute d’action même dans l’épopée parodiée de Bouvard et Pécuchet, odyssée  caricaturée à l’intérieur des manuels de toutes les disciplines du savoir.

Le triomphe de  «  ces espaces vacants »comme dit Jean Rousset, l’éloigne de plus en plus de la littérature romanesque usuelle et cette importance qu’il donne aux longs intervalles qu’il y a entre les événements est justifiée par cette phrase de F.  " On porte vingt ans une passion sommeillant qui n’agit qu’un seul jour et meurt ".

Le gigantisme réel du héros romantique reste dans les personnages des romans flaubertiens seulement au niveau d’aspirations, de désirs et leur échec dérive de leur heurtement avec la banalité et la grisaille de la réalité.

Mais c’est surtout son mysticisme du style, son culte du Beau qui le distinguent à la fois du romantisme et du réalisme et qui le rendent un vrai précurseur du Nouveau Roman.

C’est le style qui manifeste la présence de l’auteur mais non en tant qu’individu affecté d’opinions et de sentiments quelconques. Par le style «  l’auteur est présent partout et visible nulle part ».

L’art confère à la cruauté et au désordre du réel, l’harmonie pure des phrases et l’unité parfaite. Flaubert rejoint cette harmonie grâce à plusieurs procédés stylistiques : il crée des relations variables, c’est ainsi qu’un même lieu sera regardé par Emma à des moments  et en des états d’âme différents, comme les rues de Paris par Frédéric ;

Des effets, de contre-effets, des échos et des contre-points( v. scènes des Comices chap. 8 Mme Bovary).

A travers sa technique il arrive à se dissoudre dans ses personnages, dans les choses qu’il décrit «  c’est une délicieuse chose que d’écrire, que de ne plus être soi », de vivre en idée plusieurs existences et de se métamorphosent en ses personnages. Grâce à l’art Flaubert devient en puissance tout le réel.

Il est clair que sa définition de la réalité contrastée , impassible et ironique le définit aussi lui- même dans sa volonté de détachement et dans ses intentions d’artiste.

Son idéal du réel écrit, de l’impersonnalité, de la présence invisible et toute-puissante de l’auteur dans sa création lui sera un moyen de se trouver lui-même ,par l’art, dans son œuvre.

 

                                                                                                         Natalia Nadotti 

Liceo Marconi Parma section Esabac

 

Natalia Nadotti

Italie

Enseignant(e)

Discipline :
  • Linguistique & littérature

Commentaires liés à cette ressource

Ilaria Martino2915j

"...le style étant à lui seul une manière absolue de voir les choses" Merci Natalia!

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