Yves Bonnefoy, Que ce monde demeure, Les planches courbes, 2001
Publiée par Simona Guarino
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Yves Bonnefoy, Que ce monde demeure, Les planches courbes, 2001
I
Je redresse une branche
Qui s’est rompue. Les feuilles
Sont lourdes d’eau et d’ombre
Comme ce ciel, d’encore
Avant le jour. Ô terre,
Signes désaccordés, chemins épars,
Mais beauté, absolue beauté,
Beauté de fleuve,
Que ce monde demeure,
Malgré la mort !
Serrée contre la branche
L’olive grise.
II
Que ce monde demeure,
Que la feuille parfaite
Ourle à jamais dans l’arbre
L’imminence du fruit !
Que les huppes, le ciel
S’ouvrant, à l’aube,
S’envolent à jamais, de dessous le toit
De la grange vide,
Puis se posent, là-bas
Dans la légende,
Et tout est immobile
Une heure encore.
Compréhension :
1) Montrez que le poème ressemble dans son titre et sa composition à une invocation.
2) Quels éléments de la Nature sont-ils évoqués dans le poème ?
3) Relevez le champ lexical de la fragilité et celui de l’éternel.
Interprétation :
1) Quel regard le poète porte-il sur le monde ? Justifiez votre réponse.
2) De quoi le vol des huppes devient-il le symbole ?
Réflexion personnelle :
Dans ce poème Yves Bonnefoy propose de célébrer de manière originale le rapport du Moi au monde. Développez une réflexion personnelle sur ce thème en vous appuyant aussi sur d’autres œuvres que vous avez lues.
Corrigés
Compréhension :
1) Le titre commence par le mot « Que » ; dans le texte il y a : « Ô terre » (l.5) ; la présence des points d’exclamation ; « Que ce monde » (l.13), « Que la feuille » (l.14) ; « Que les huppes » (l.17).
2) Les éléments de la nature qui sont évoqués sont : les arbres (la branche, les feuilles, les olives, l’arbre, les fruits), le ciel, la terre et l’eau (le fleuve).
3) Fragilité : « qui s’est rompue » (l.2) ; « malgré la mort » (l.10) ; « serrée contre la branche » (l.11) ;
Eternel : « Que ce monde demeure » (l.9) ; « malgré la mort » (l.10) ; « à jamais » (l.15 et 19) ; « tout est immobile » (l.23).
Interprétation :
1) Il a un regard admirateur, observateur (ll.9-10), protecteur de la nature, qui n’est pas parfaite mais qui est belle (ll.5-6) ; la nature renait alors que l’être humain a tendance à vieillir (ll.14-16).
2) Il devient le symbole de la liberté opposé à l’idée de la grange vide (l.20). C’est aussi le symbole de l’éternité, parce que les huppes se posent dans la légende (l.22).
Réflexion personnelle :
Problématique : quel est le rapport du moi au monde ?
Axe 1 : le rapport du moi envers la nature
De façon positive -> Lamartine (Le lac) ; Leopardi (L’infinito)
De façon négative -> Camus (le soleil et la lumière dans L’étranger), Baudelaire (Le spleen).
Axe 2 : le rapport du moi envers la société ;
De façon positive -> La fonction du poète de Victor Hugo ;
De façon négative -> L’albatros de Baudelaire ; Rousseau (Le contrat social) ;
Conclusion : ce moi est-il un moi d’indifférence, d’égoïsme ?
Simona Guarino
Italie
Enseignant(e)
- Linguistique & littérature—
- Traduction & interprétation—
- Didactique—
- Français professionnel