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La mémoire qui flanche Jean-Baptiste Belley, député noir de la Convention

Publiée par Alain Chedeville

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Niveaux : A1, A2, B1, B2, C1, C2

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La mémoire qui flanche

Jean-Baptiste Belley, député noir de la Convention

En ces temps où une députée, Danièle Obono , est présentée sous les traits d’une esclave dans une bande dessinée de l’ignoble revue Valeurs Actuelles, et ce 14 juillet, il m’a semblé opportun de me souvenir d’un autre député noir, et français, Jean-Baptiste Belley.

« Je suis né en Afrique, moi : amené dans l’enfance sur le sol de la tyrannie, j’ai par mon travail et mes sueurs conquis une liberté dont je jouis honorablement depuis trente ans en chérissant ma patrie. », ainsi se présentait à la Convention, le 4 février 1794, son premier député noir, le député pour Saint-Domingue Jean-Baptiste Belley.

Or, bien qu’il affirmât avoir vu le jour à l’île de Gorée, actuel Sénégal, plaque tournante du commerce négrier de l’époque,  son acte de décès à Belle-Île-en-Mer le fait naître a Léogane, à Saint-Domingue.

Pour cette ancien esclave, qui racheta sa liberté grâce à son commerce de perruquier, puis devint soldat et lutta pour l’indépendance des États-Unis d’Amérique et fut, finalement, élu député de la Convention, était-il plus convaincant pour défendre l’abolition de l’esclavage de se présenter comme une synthèse du calvaire du peuple noir ?

Ou s’agit-il, bien plus simplement, d’une erreur commise par le personnel de l’hôpital de Belle-Île, l’ayant entendu souvent parler de son enfance dans cette région à l’ouest de l’actuel Haïti ?

Jusqu’en 1777, le nom de Jean-Baptiste Belley figure sur les registres de la paroisse de Cap-Français, actuellement Cap-Haïtien, comme perruquier et nègre libre.

Cette même année, il intégra le corps supplétif des Nègres libres du Cap qui participa de la guerre d’indépendance des États-Unis, notamment durant la bataille de Savannah.

On commença alors à le surnommer Mars.

De retour à Saint-Domingue, Belley combattit les colons qui s’opposaient aux idéaux d’égalité de la Révolution française, ce qui lui valut, en 1793, d’être nommé député à la Convention nationale par la colonie de Saint-Domingue, aux côtés d’un Mulâtre, Jean-Baptiste Mills et d’un Blanc, Louis-Pierre Dufay.

Ils siégeaient tous trois à la Montagne.

Leur présence à la Convention fut décisive pour obtenir, le 4 février 1794, l’abolition de l’esclavage.}

« Je n’ai qu’un mot à vous dire : c’est le pavillon tricolore qui nous a appelé à la liberté. C’est sous ses auspices que nous avons recouvré cette liberté, notre patriotisme est le trésor de notre prospérité et tant qu’il restera dans nos veines une goutte de sang, je vous jure, au nom de mes frères, que ce pavillon flottera toujours sur nos rivages et dans nos montagnes », affirmait Jean-Baptiste Belley dans un discours, le 11 février de la même année.

Cet amour pour la France l’opposa un temps à Toussaint Louverture qui avait compris, avant lui, les sombres desseins de Napoléon par rapport à Haïti.

Ce même Napoléon qui envoya, en 1802, le général Leclerc mater la rébellion à Saint-Domingue contre la restauration de l’esclavage décidée par le tyran corse après le coup d’État du 18 brumaire et dont les troupes furent vaincus par l’armée haïtienne  à la bataille de Vertières.

Belley fut arrêté et emprisonné à Belle-Île-en-Mer, en Bretagne,  où il mourut  en 1805.

Jean-Baptiste Belley, dont l’influence fut décisive pour que la Convention statuât, le 18 pluviôse de l’an II, que « L’esclavage des nègres est aboli dans toutes les colonies ; en conséquence, elle décrète que tous les hommes sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous droits assurés par la constitution », est presque tombé dans l’oubli, en France. On ne compte, à son nom, qu’une rue à Basse-Terre, en Guadeloupe et une place à Pantin, en région parisienne.

Son magnifique portrait, peint par Anne-Louis Girodet, où il est accoudé au socle du buste de l’abbé Auguste Raynal, un philosophe qui annonça l’émancipation des Noirs, n’est point exposé à l’Assemblée nationale mais au château de Versailles.

La France aurait-elle la mémoire qui flanche ?

Alain Chedeville

Argentine

Enseignant(e)

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