Les équivalents français du préfixe e- (pour électronique)
Publiée par Sandrine Martin
Mise à jour le
Recommandation sur les équivalents français du préfixe e-
On constate actuellement un usage croissant du préfixe e- pour électronique), calqué sur l'anglais (d'où une graphie fluctuante, de e- à i-, en passant par é-), pour désigner des activités fondées sur l'utilisation des réseaux informatiques et de télécommunication.
Il n'existe pas de solution uniforme pour donner un équivalent adéquat dans chacun des cas où l'on rencontre e-. Il convient donc d'apporter une solution, sinon au cas par cas, du moins catégorie par catégorie.
Certaines des solutions rencontrées sont à déconseiller :
e- est un néologisme hybride entre lettre, mot et concept, porteur de difficultés de tous ordres. S'il est aisément employé en anglais, notamment pour des raisons phonétiques (voyelle longue et accentuée), il est difficilement identifiable en français. De plus la signification en est confuse et fluctuante, puisqu'il s'emploie pour désigner indifféremment tout ce qui est lié aux techniques de l'information et de la communication : technique, procédure, missions ou organismes.
Malgré leur facilité d'emploi, le préfixe e-, et a fortiori le suffixe -é, sont donc à écarter dans tous les cas pour les risques de confusion liés aux incertitudes de prononciation et surtout de sens qu'ils recèlent.
Le préfixe cyber- entré dans l'usage dans quelques cas (exemple : cybercafé), mais qui apparaît périodiquement (cybercriminalité), est peu satisfaisant sur le plan étymologique, ainsi que le précisait dès 1956 l'Académie des sciences : « L'emploi du terme cybernétique doit être limité à la science des mécanismes, régulateurs et servomécanismes, tandis que télétechnique comprendrait tout ce qui relève de la technique des télécommunications et de la théorie de l'information. » Il peut cependant se révéler utile dans certains cas, ne serait-ce que pour son caractère concret et évocateur. Il convient donc de le conserver lorsqu'il s'est imposé dans l'usage, et, sans s'en interdire l'emploi, de garder à l'esprit que d'autres choix peuvent être préférables.
La Commission générale de terminologie et de néologie déconseille l'emploi du préfixe e- sous toutes ses graphies (e-, é-, i-) pour désigner les activités fondées sur les réseaux informatiques et de télécommunication. Elle constate que le préfixe cyber- est entré dans l'usage pour quelques termes et peut se révéler utile dans les cas où la réalité à désigner a un caractère concret.
Elle recommande l'utilisation :
- du préfixe télé-, qu'il convient de privilégier chaque fois que c'est possible sans créer d'ambiguïté, notamment avec des notions relevant strictement du domaine de la télévision ou des activités à distance ;
- de la formule en ligne, qui paraît la meilleure solution dans la plupart des cas.
Commission générale de terminologie et de néologie
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Un besoin de termes français…
Pour demeurer vivante, une langue doit être en mesure d’exprimer le monde moderne dans toute sa diversité et sa complexité.
Chaque année, dans notre monde désormais dominé par la technique, d'innombrables réalités nouvelles apparaissent, qu’il faut pouvoir comprendre et nommer.
En effet, les professionnels doivent pouvoir communiquer dans leur langue de façon précise, les traducteurs traduire correctement en français les textes techniques, les citoyens s’approprier ces réalités, souvent très complexes, dans leur langue.
Certes, le français est bien vivant et l’adaptation de son vocabulaire aux évolutions du monde contemporain se fait en grande partie directement, dans les laboratoires, les ateliers ou les bureaux d’étude.
Mais pour éviter que, dans certains domaines, les professionnels soient obligés de recourir massivement à l’utilisation de termes étrangers qui ne sont pas compréhensibles par tous, la création de termes français pour nommer les réalités d’aujourd’hui doit être encouragée et facilitée : la production terminologique en français est donc un impératif.
C’est pourquoi, depuis près de cinquante ans, les pouvoirs publics incitent à la création, à la diffusion et à l’emploi de termes français nouveaux.
Le dispositif actuel, institué par le décret du 3 juillet 1996 (modifié le 25 mars 2015) a pour mission première de combler les lacunes de notre vocabulaire en identifiant les concepts qui apparaissent sous des appellations étrangères, le plus souvent en anglo-américain, principalement dans les domaines économique, scientifique et technique, puis en créant en français les termes équivalents.
Coordonné par la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), il comprend notamment une Commission d'enrichissement de la langue française, placée sous l'autorité du Premier Ministre, à laquelle sont étroitement associés, principalement des experts des domaines scientifiques et techniques, ainsi que des représentants de l'Administration, de l'Académie des sciences et d'organismes de normalisation (AFNOR), des correspondants d'institutions linguistiques des pays francophones et des universitaires spécialistes de la langue. Les experts de dix-neuf collèges implantés dans les différents ministères ont pour mission de proposer à la Commission d'enrichissement les termes nécessaires apparaissant notamment dans des langues étrangères et de les accompagner de leur définition. Une fois validés par l’Académie française, les termes sont publiés au Journal officiel de la République française ; ils ne sont d’usage obligatoire que dans les administrations et les établissements de l'État mais ils peuvent servir de référence, en particulier pour les traducteurs et les rédacteurs techniques.
Œuvrer de façon coordonnée à l’élaboration d’une terminologie sûre et cohérente, conforme aux règles de formation des mots en français, la mettre à la disposition des professionnels et rendre les nouvelles notions scientifiques et techniques accessibles au plus large public, tels sont les objectifs du dispositif d’enrichissement de la langue française.
Que la presse et les médias, que les traducteurs, en particulier dans les organisations internationales où le français est langue officielle et langue de travail, disposent des termes français nécessaires dans les domaines spécialisés, que l’enseignement des disciplines scientifiques puisse se faire en français, pour transmettre le savoir dans notre langue : l’enjeu est particulièrement important pour le maintien du français et pour son rayonnement.
Sandrine Martin
Référent Chine
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